Kazakhstan, le nouvel eldorado du nucléaire
Par teddy, dans ASIE -# 14 - Fil RSS
Un vent glacial souffle sur les steppes du Muyunkum, le silence du désert n’est perturbé que par le rythme incessant des vieilles foreuses russes de Volkof Geology. Le soleil perce sur l’horizon, trois hommes descendus d’un petit camion s’engouffrent dans l’une de ces machines qui recouvre le site. À l’intérieur, les trois foreurs de la nuit sont bien contents de revoir leurs camarades après 12 heures de travail. Un dernier thé tous ensemble pour faire le point sur l’avancée du forage et la camionnette ramènera l’équipe de nuit à Taukent. Le village, quasiment à l’abandon il n’y a pas si longtemps ne doit sa renaissance qu’à la réexploitation de l’uranium par Kazatomprom et à l’arrivée des « fransuses » dans la région en 2001. Afin de maintenir sa deuxième place sur le marché mondial de l’uranium, AREVA a investi dans un gisement au Kazakhstan. En 2001, dans le désert de Muyunkum, quelques yourtes ont été construites dans les dunes à 300 km de Shymkent, la ville la plus méridionale du pays. Les équipes d’AREVA ont alors commencé à faire des sondages et des études de faisabilité. Dans des conditions climatiques extrêmes, un chantier titanesque s’est mis en place à partir de novembre 2004 et 18 mois plus tard, une usine était en fonctionnement. A présent une deuxième usine émerge des sables des steppes à une cinquantaine de kilomètres du premier site sous l’œil médusé des quelques susliks (petites marmottes) qui se faufilent au milieu des saksaouls, seul arbuste qui réussisse à résister au climat local. À terme, c’est une nouvelle ville qui va naître au beau milieu de ce « no man’s land » afin d’accueillir les 700 ouvriers qui doivent venir travailler sur ce gisement.
Deux usines d’extraction d’uranium devraient produire plus de 2000 tonnes de minerai par an. Un chantier où tout a dû être inventé. Pour réaliser un tel projet, AREVA s’est associé à Kazatomprom l’entreprise nationale d’exploitation d’uranium en créant une joint-venture, la Katco qui a en charge la réalisation du projet et l’exploitation du gisement. Plus de 150 millions de dollars d’investissement seront nécessaires pour la réalisation de cette mine. Le Kazakhstan est sans doute le pays le plus dynamique de l’ex-URSS. Ses réserves d’or, de pétrole et d’uranium lui valent d’être courtisé par la plupart des grandes puissances industrielles. Ce pays, grand comme six fois la France possède l’un des plus gros gisement d’uranium de la planète, les deuxièmes plus grandes ressources après l’Australie. Partie de zéro, Kazakhs et Français, tels des pionniers, ont dû tout inventer pour ériger cette oasis. Tout en subissant des contraintes climatiques et techniques énormes les équipes doivent faire face à un autre défi : pas moins de quatre langues sont parlées sur le chantier, nécessitant une armée de traducteurs afin de passer sans difficulté du kazakh au russe, du russe au français ou encore du kazakh à l’anglais. 120 Km de route à construire, autant de lignes haute tension 110 kV, un réseau d’eau et d’assainissement, une base vie… Autant de compétences diverses nécessaires à l’émergence d’une cité. Les quelques nomades qui gardent encore leurs troupeaux dans le désert du Muyunkum depuis l’époque de Gengis Khan devront apprendre à partager leur steppe avec les industriels venus d’un autre monde. Mais loin de se nuire sur ce vaste territoire, ils se côtoient amicalement, les fils des uns ne rêvant que d’une chose, rejoindre l’équipe de ceux qui viennent de temps en temps leur acheter du lait à bord de leur 4X4 marqué de l’insigne jaune et bleu de la Katco. Entourés de quelques ingénieurs français, ce sont plusieurs centaines de personnes qui vont trouver un emploi dans ce projet. Pour cette région qui avait subi de plein fouet l’effondrement du bloc soviétique, l’enjeu est donc de taille.
Fondations de la future usine de traitement d'uranium de Torkuduk, beaucoup plus importante que la première en service actuellement.
Chantier de construction de l'usine de Torkuduk.
Steppes du désert du Muyumkum.
Berger Kazakh, désert du Muyumkum.
Pour réaliser un puits à plus de 500 mètres de profondeur, le forage doit être quasi parfait avec un minimum de déviation. La station mobile de diagraphie permet au géophysicien de vérifier la qualité du puit au fur et à mesure de son forage.
Chantier de construction de l'usine de Torkuduk.
Chantier de construction de l'usine de Torkuduk.
Les quelques ingénieurs français présents sur le site supervisent la mise en route de la première usine et partagent leur savoir-faire avec les ingénieurs kazakhs.
Dans les foreuses de Volkof Geology, les équipes se relaient 24 h sur 24afin de poursuivre le forage des puits dans des couches comprises entre 400 et 500 mètres de profondeur.
Baraquement des ouvriers Ouzbeks qui sont en charge de la construction du site de Torkuduk.
Baraquement des ouvriers Ouzbeks qui s'occupent de la construction du site de Torkuduk.
Ravitaillement de l'usine de Muyukum en acide sulfurique. Cet acide est ensuite injecté dans le sol, par les puits injecteurs, afin de dissoudre l'uranium présent. Cette précipitation produit une solution très peu concentrée en uranium qui est récupérée via les puits producteurs de la mine.
Ronde de nuit dans l'usine de traitement d'uranium déjà en fonctionnement, sur le site de Muyumkum.
Champ de puits de Muyumkum.
Transmission des ordres de la nuit par un responsable de Volkof geology, l'entreprise qui gère le forage des puits. Cabine de l'une des foreuses du site de Muyumkum.
Travaux de construction des futurs bureaux de la Katco sur le site de Torkuduk.
120 km de route sont en construction afin de relier les différents sites de la mine.
Construction de la future base vie des employés de la Katco.
Alain L'Hour, responsable de projet et Sherali le sous-directeur d'exploitation font un point sur l'avancée des travaux.
Relève de l'équipe de nuit sur les foreuses de Volkof Geology.
Berger Kazakh, désert du Muyumkum.
Berger Kazakh, désert du Muyumkum.
Sherali, sous-directeur du site d’exploitation de Torkuduk.
Alain L'Hour, directeur du projet.
Soudeur ouzbek.
L'un des chefs de chantier ouzbeck sur le site de la base vie.
Atelier mécanique de la Katco.
Oskenoul Moksat, responsable de l’usine de production.
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