CAP CORSE, IMMERSION SUR LA ROUTE DES VINS ANTIQUES.
Par teddy, dans ARCHEOLOGIE SOUS MARINE -# 44 - Fil RSS
Découverte dans le Cap Corse par 34 m de fond et déclarée en 2008, l’épave Ouest Giraglia 2 a fait l’objet, en juin 2009, d’une opération de sondage dirigée par son inventeur, J.-M. Minvielle (FFESSM), assisté, pour l’étude archéologique, par M. Sciallano (Musée d’Histoire et d’Archéologie d’Hyères, Var). L’opération de fouille programmée de cette année est dirigée par Franca Cibecchini du Département des recherches archéologiques
subaquatiques et sous-marines (DRASSM). Le site correspond à une épave de bateau romain à dolia, soit un véritable "pinardier" qui transportait du vin en vrac dans de grosses jarres de 2 000 à 3 000 litres (les dolia). Bien qu’elle ait vraisemblablement souffert d’une activité de chalutage, l’épave a conservé au moins 3 dolia intacts, très peu d’amphores (des Dressel 2-4 de Tarraconaise) ainsi qu’une partie importante de sa coque en place. Cette épave daterait du 1er siècle après JC.
L’importance de cette épave s’inscrit dans la série des épaves à dolia découvertes en Méditerranée nord-occidentale mais encore relativement mal connues. Des bateaux citernes dont l’activité commerciale, principalement établie entre l’époque augustéenne et le Ie s. apr. J.-C., se situeait entre l’Italie, l’Espagne et la Gaule. Du point de vue économique, l’étude de ces épaves a permis de mettre en évidence un nouveau mode de transport pour lequel les estampilles retrouvées sur les dolia révèlent qu’il a été mis en place par une famille d’armateurs localisée à Minturnes (dans le Latium méridional), les Pirani. Sur la quinzaine d'épaves à dolia découverte, très peu ont en effet conservé une partie de leur coque en bon état et très peu ont été fouillées et publiées de façon exhaustive.
Avec une coque conservée sur au moins 8 m de longueur et 3 m de largeur comprenant, encore en place, la quille, les premières virures de bordé et une vingtaine de varangues, l’épave Ouest Giraglia 2 offre l’opportunité unique de pouvoir apporter des réponses concrètes aux hypothèses formulées à propos de l’architecture de ces navires.
l’étude de la cargaison dispersée sur une vaste zone a porté ces fruits. En effet, l’un des objectifs de cette étude portait sur la recherche de timbres susceptibles d’être conservés principalement sur l’épaule des dolia. L’un d’eux a pu être identifier ; Le timbre in planta pedis (empreinte en forme de pied) est bien visible sur l’épaule du dolium situé le plus à l’est du gisement. On peut lire sur le timbre : C(aius) PIRANUS SOTERICUS F(ecit), ce qui signifie « Caius Piranus Sotericus m’a fait/fabriqué ». La question est maintenant de savoir si nous avons affaire au même Sotericus qui signait les dolia du navire du Grand Ribaud D (coulé entre 9 av. J.-C. et le changement d’ère), du navire de La Garoupe (vers le milieu du Ier s.) et de celui de Ladispoli (aux environs du changement d’ère). Cela signifierait que certains des bateaux où avaient été embarqués les dolia de Sotericus auraient navigué près de 50 ans ! Une hypothèse qu’il reste à confirmer.
La fin de campagne 2010 a été consacrée au relevage d’un doliolum entièrement conservé sur le site par 33 m de fond. Il s’agissait d’une opération complexe, sans véritable précédent dans l’histoire de l’archéologie sous-marine. Les dolia entiers connus ont été en effet pour la plupart été portés à la surface grâce aux filets des chalutiers et rarement suite à une fouille scientifique. A l’automne, il pourra prendre sa place au sein des salles de stockage du musée de Bastia en attendant d’être exposé prochainement.
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