Texte d'Elise Poudevigne, journaliste indépendante en Irlande.
epoudevigne@hotmail.com
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Entre sa diaspora, émaillée de « success-stories », et le boom économique de la mère-patrie, les Irlandais ont un peu oublié d’où il viennent. Pas Mary McAleese. La Présidente de la République a demandé fin 2008 à la puissante Association Athlétique Gaélique de concocter des événements sur-mesure pour « ceux qui restent » : ceux qui atteignent 60, 70, 80 ans, ont repris la ferme familiale, se sont occupés de leurs parents, ne se sont pas mariés et se retrouvent seuls dans des campagnes désertées. Ces hommes peuplent l’imaginaire collectif irlandais. Ils sont ceux qui chantent la « véritable Irlande » (« the real Ireland »), ils sont ceux qui la racontent, ceux qui la célèbrent, la caressent, la tiennent dans le creux de leurs grosses mains. Ils sont surtout ceux qui restent, et laissent derrière eux des campagnes vides, des paysages fantômatiques de cartes postales.

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