g="fr" lang="fr"> Teddy Seguin

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Au Mexique, sur l’Isla de La Natividad, une communauté de pêcheurs se mobilise pour préserver ses ressources marines.

Au large de la Basse Californie, au Sud-Ouest du 28e parallèle, l'île de la Natividad, 7 kilomètres sur 3, est un bout de terre aride où ne poussent que quelques cactus. L'océan Pacifique apporte ce que la terre d’ici ne peut offrir : de quoi nourrir les Hommes mais aussi de quoi les enrichir. Au début du siècle, profitant de l’engouement des pays asiatiques pour les ormeaux qui tapissent les fonds sous-marins de l’île, des paysans de tout le Mexique viennent profiter de cet Eldorado et s’improvisent plongeurs. Après avoir puisés sans compter dans ces eaux, les pêcheurs de la Natividad prennent conscience de l’importance de préserver leur seule richesse. Ils se mobilisent alors pour s’imposer des quotas de pêche plus restrictifs que ceux du gouvernement et créer une réserve marine. Ils sont aujourd’hui un exemple pour toutes les autres coopératives de la côte qui ont cru, trop longtemps, que l’océan était inépuisable.

Dans les années 20, des asiatiques colonisent l’île pour exploiter les ormeaux, quelques Mexicains les rejoignent, des rêves de fortune plein la tête et apprennent à leurs côtés la pêche sous-marine en scaphandre pied lourd. Tels des naufragés, ils construisent leurs maisons avec ce que les vagues leur apportent. Ils s’installent, vont chercher l’eau sur le continent, s’éclairent à la lampe à pétrole, se nourrissent de l’océan et des rares oiseaux qui peuplent l’île. Les familles suivent rapidement, un village de pionniers s’organise sur ce bout de caillou battu par les vents.

En 1942, les pécheurs plongeurs de la Natividad s’organisent et créés la coopérative buzos y pescadores. Composée de socios, des pécheurs et leurs familles, la coopérative organise la pêche, fixe les quotas, entretient le matériel et gère aussi toute la vie de l’île. C’est elle qui contrôle le développement du village, elle gère les conflits entre ses membres et décide de qui peut ou non travailler. Dans ce système communautaire, toutes les décisions sont prises en assemblée générale. Des pêcheurs, désignés par leurs paires, dirigent et administrent la coopérative durant des mandats de 2 ans. Mais, sur l’île, tout le monde n’a pas la parole, il y a aussi les extras, c’est l’étape qui précède l’intégration dans la coopérative. Les extras sont en générale jeunes, embauchés chaque matin pour la journée, ils effectuent les tâches que ne veulent plus assumer les socios. Ils sont toujours prêts à travailler, dans l’espoir de rejoindre un jour la coopérative.

À la Natividad, les plongeurs sont des « seigneurs », et pour cause, plonger dans les courants violents du Pacifique n’est pas sans danger. Faisant fi de toutes les règles de sécurités élémentaires, le passage au caisson de décompression est devenu anodin. Ici, les pêcheurs plongent avec un narguilé, un tuyau qui les relie à la surface et leur offre autant d’air que nécessaire. Lestés d’une quinzaine de kilos, chaussés de bottes et non de palmes, ils crapahutent pendant des heures, dans les fonds de 10 à 30 mètres qui bordent leur île, à la recherche des ormeaux toujours, mais aussi des caracoles, et des holothuries. Péchés un à un, ces fruits de mer sont toujours vendus une fortune sur le marché asiatique. Certaines équipes de non-plongeurs, pêchent aussi des vieilles et des langoustes pour les vendre vivantes sur le marché américain. Cela rapporte alors dix fois le prix d’une pêche traditionnelle et alimente aussi les rêves d’éternels pionniers de cette coopérative. Et quand ils ne pêchent pas, les pécheurs de la Natividad étudient la réserve mise en place en 2006, sur leur propre initiative, pour repeupler les fonds de l’océan qu’ils ont autrefois trop exploités.

Ce reportage nous plonge au cœur de l’Isla de la Natividad aux côtés de ses hommes. Johnny plongeur extra d’à peine 25 ans, a déjà vécu plusieurs vies et se démène pour être admis socio ; Tiburon, un des responsables de la communauté, organise la pêche au quotidien. Martin, ex-président de la coopérative et doyen des plongeurs, écoute la mer pour guider ses mains. Antonio, le biologiste, élève des ormeaux dans sa pouponnière en bord de mer pour remplacer les stocks surexploités ou encore Luis, un plongeur socio victime d’un grave accident de plongée l’an dernier nous rappelle les risques, souvent négligés, de ces heures passées sous l’eau. Aujourd’hui, la coopérative est toute leur vie, la Natividad, leur territoire depuis 5 générations, l’océan leur seule ressource. Ils nous racontent leur engagement pour préserver cet écosystème, leurs craintes et leurs espoirs pour l’avenir de l’Isla de la Natividad et celui de leurs enfants.

Texte Lila Reboul

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Les forçats de la mer


Que reste-il du «Grand Métier» aujourd'hui? quinze ans après le moratoire qui a fermé les bancs de Terre-Neuve à la pêche à la morue ; la flottille de chalutiers français armés à la grande pêche dans les années 80 est presque entièrement décimée. Grande Hermine, chalutier de 65 mètres, est l’un des derniers représentant de cette activité séculaire. Armé par la Comapêche de Saint-Malo, Grande Hermine a commencé sa carrière à Saint-Pierre et Miquelon sur les bancs de Terre-Neuve il y a une vingtaine d’années.12 à 18 heures par jour, 7 jours sur 7 et ce, pendant deux à trois mois, les marins de Grande Hermine partent pêcher au-dessus du cercle polaire, en mer de Barents sous le contrôle très strict des gardes côtes norvégiens. Attirés par «l’or blanc» mais surtout passionnés par un métier qu’ils font pour la plupart depuis l’adolescence, ces marins travaillent dans les mers les plus hostiles qu’il soit. Au-delà du drame écologique lié à la raréfaction des ressources halieutiques sur le Grand Banc, la fin de cette activité représente également un grave problème social pour les pêcheurs des deux côtés de l’Atlantique. C’est un pan de la culture maritime française qui disparaît progressivement.

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Saint Pierre et Miquelon


Colonisé il y a 500 ans par des pêcheurs normands, bretons et basques, ce petit caillou à la nature hostile perdu au large du Canada n’avait de raison d’être que par la richesse de ses eaux en poissons et notamment en morue. L’or blanc a fait la richesse de Saint-Pierre mais voilà, tout s’est arrêté en 1993 du jour au lendemain ; de 20 000 tonnes de morues à... rien. Inutile de dire que le réveil a été douloureux pour une population qui ne connaissait pas d’autres activités que celles liées à la pêche. Même si le moratoire a été levé en 1997, les quotas alloués à la France par les autorités canadiennes restent très faibles et le port de Saint-Pierre désespérément vide depuis cette époque. L’industrie de la morue, ce n’était pas que des pêcheurs, mais surtout des usines de transformation, sept chalutiers de 50 m, une activité portuaire importante engendrée par tous les chalutiers étrangers qui venaient également débarquer une partie de leur pêche et se ravitailler à Saint-Pierre. Bref, une économie entièrement basée sur une mono activité. Pourtant lorsqu’on se balade dans Saint-Pierre, rien ne transpire du drame social qui se joue depuis maintenant dix ans sur ce petit territoire d’outre-mer. Les maisons sont belles et bien entretenues, elles semblent confortables et devant chacune d’elle, stationnent des grosses cylindrées américaines. Comme on dit ici, «l’Etat a pris ses responsabilités». Cela signifie qu’après avoir sacrifié Saint-Pierre-et-Miquelon sur l’autel des échanges commerciaux entre la France et le Canada, les gouvernements successifs se sont rachetés une paix sociale à grands coups de subventions. Contrairement à Terre-Neuve, tout proche, point de misère dans l’archipel français et il fait plutôt bon vivre à Saint-Pierre. Ce serait même un vrai petit paradis si l’économie redémarrait et si les jeunes saint-pierrais, très attachés à leur île pouvaient espérer un avenir différent de celui d’assisté.

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Les canotiers de la SNSM, Station du Havre


Lors de mes différents reportages en mer, j’ai pu appréhender toute la violence des éléments et le danger encouru chaque jour par les professionnels de la mer. En mer, l’accident n’est jamais très loin et toujours imprévisible. Dans ces moments-là, des hommes et des femmes répondent présent pour éviter le pire : les sauveteurs bénévoles de la SNSM. Il me paraît important de mettre un coup de projecteur sur un des “métiers” de la mer trop méconnu du grand public. J’insiste sur le terme de métier ; ces marins qui bénévolement ont choisi de porter assistance aux personnes en difficultés en mer, ne font pas profession du sauvetage, mais l’exigence est professionnelle, ils n’ont pas droit à l’erreur. La vie des canotiers est ponctuée par le bip qui peut sonner à tout instant, il faut alors agir vite et bien ; chaque minute compte quand il s’agit de sauver des vies et l’erreur est inacceptable. Chacun sait ce qu’il a à faire, les gestes sont mécaniques. Les entraînements réguliers doivent permettre d’agir au plus juste et au plus précis sans tergiversations. Ces hommes et femmes n’ont pas de répits, ils se doivent toujours d’être disponibles, prêt au cas où... Cela demande parfois des sacrifices importants, mais il faut assumer et continuer cette tâche noble et pas toujours reconnue par tous.

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